dimanche 10 juin 2012

Enfance délaissée : prologue



            Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas mais sont à Kurumada, ceci n’est qu’une fanfiction.

            Remarques :
            Je sais que les chevaliers sont supposés avoir 13 ans lors des Galaxian Wars. Je ne respecte pas ces âges, les trouvant ridicules. Certes, l’histoire porte sur l’enfance des chevaliers de Bronze, donc l’âge sera un peu moins flagrant. Pour vous faire une idée, si on respectait l’âge que je leur donne, Seiya aurait 17 ans lors du tournoi (ce qui me paraît plus logique !)
            Je sais aussi qu’Ikki est censé n’avoir que deux ans de plus que Shun. Cette différence d’âge est plus que dure à tenir quand on sait qu’Ikki a littéralement élevé son frère. Dur pour un enfant de deux ans… Même pour Ikki ! Ici, Ikki a donc six ans de plus, ce qui m’a paru le minimum pour rester cohérent. De même, la différence d’âge entre les autres personnages n’est pas toujours respectée, dans le même souci d’homogénéité.




Prologue 

(Sept ans plus tôt)


            L’orage grondait dans la nuit noire. C’était le jour des esprits d’aucuns disaient. La plupart s’était contenté d’aller admirer les chrysanthèmes, s’enivrant des pétales délicats. Le mois de septembre était encore chaud, et les typhons s’invitaient. La queue d’un balayait alors la ville et les passants se blottissaient sous leurs parapluies transparents, accélérant le pas jusqu’à l’arrêt de bus. L’eau se déversait dans les rues en pente, rivière à remous, obligeant les voitures à revoir leurs trajets, et les éclairs embrasaient sporadiquement le ciel sombre, ballet de lumière se reflétant sur les vitres fermées. Nul n’irait admirer la lune cette nuit.
            Dans l’hôpital gris, un tout jeune garçon regardait furtivement par la fenêtre, se morfondant sur sa chaise dans le couloir blanc. Cela faisait bientôt trois heures qu’il attendait. On l’avait renvoyé de la chambre de sa mère sans explications, et il s’inquiétait sans possibilité d’intervenir. Il savait que sa mère avait été envoyée d’urgence au bloc opératoire, pour une césarienne paraissait-il. Une infirmière lui avait dit en souriant que c’était une intervention banale et bénigne. Le garçon l’espérait. Il entendait encore les cris de sa mère avant qu’on ne l’emmène. Elle semblait avoir si mal. La pensée était terrifiante.
 Et cette attente forcée était une torture. Le garçon gémit de désespoir.

            L’infirmière s’approcha du garçon. Il était recroquevillé sur sa chaise, les yeux bleus dans le vague. Si jeune… Il allait à peine rentrer en primaire. L’infirmière se sentit le cœur plein de pitié. Il tourna son visage enfantin vers elle, le regard hagard, des cernes sur sa peau mate. Elle sourit.
  « Viens Ikki, tu veux voir ton petit frère ?, demanda-t-elle, adoucissant sa voix au maximum.
  – Shun ?, souffla-t-il.
  – C’est le nom que voulait lui donner ta maman ?
  – Oui, elle m’avait dit que mon frère s’appellerait Shun », répondit-il avec un sourire hésitant.
            Ravie d’avoir ôté un peu l’angoisse du visage du garçonnet, l’infirmière lui tendit la main pour qu’il la suive.
            Elle le fit rentrer dans une salle stérilisée, et posa entre ses bras un bébé rose. Il avait la peau des nourrissons nés par césarienne. Quelques cheveux pâles caressaient sa tête et il gardait les yeux et les poings fermés. Ikki battit des cils en soupesant délicatement le bébé. Il chuchota son prénom en esquissant un bercement.
  « Où est Maman ?, interrogea-t-il en relevant la tête vers l’infirmière.
  – Pas ici… Tu la verras… Plus tard… »
            Puis pour détourner l’attention de l’enfant, elle lui tendit un biberon :
  « Tu veux le lui donner ? Il vient juste de naître, il doit avoir faim ! »
            Ikki saisit le biberon avant de l’orienter précautionneusement vers la bouche de son frère. Le bébé téta doucement, desserrant les poings. Ikki sourit. L’infirmière en profita pour s’éclipser discrètement. Le nourrisson ouvrit délicatement les yeux. Ils étaient d’un vert pur, un pré arrosé par le soleil. Ils se posèrent sur son frère, confiants. Le cœur d’Ikki bondit.

            Des voix s’élevaient dans la pièce à côté. Elles prononçaient le nom de sa mère, Ikki écouta sans faire de bruit.
  « … ne semble pas avoir de famille à part son fils. On ignore tout du père. Bon sang, elle aurait pu prévoir quelque chose ! », rageait une voix masculine.
            Où est Maman ?
  « Le bébé sera adopté facilement, il vient juste de naître, par contre pour son frère, je ne suis pas sûr, il a six ans déjà, les gens les préfèrent plus jeunes. Il faudrait les séparer dès maintenant, ils n’ont pas eu le temps de s’attacher », arguait une deuxième voix masculine.
Adopter ? Me séparer de mon frère ? Mais Maman est…
  « Regarde moi ça ! Père inconnu ! Idem pour le frère aîné, père inconnu. La bonne blague. Que fait-on si la mère meurt hein ?, soupirait la première voix, agacée. Faut caser ces gamins maintenant… »
            Maman est… Maman est morte ?!
            Un chagrin submergea Ikki alors que ses joues s’humidifiaient de larmes silencieuses. Dans ses bras, son frère rassasié gazouilla. Ikki le regarda.
  « Rien ne nous séparera, chuchota-t-il en se penchant vers lui. Je t’en fais la promesse. Je resterai avec toi et rien ne t’arrivera. Tu es ma seule famille », bredouilla-t-il en pleurant. Le bébé posa une de ses mains minuscules sur le nez de son frère.
            Tremblant sous sa résolution, Ikki posa son frère dans le berceau un instant et ouvrit le sac à dos avec lequel il était venu. Il vida son contenu, crayons de couleurs et cahiers dans un coin de la pièce. Du meuble où l’infirmière avait sorti un biberon, Ikki en prit en deuxième, du lait maternisé en poudre et des couches-culottes. Il rajouta une bouteille d’eau et une serviette. Il ignorait totalement ce dont il aurait réellement besoin, mais ses choix lui paraissaient logiques. Il posa le sac lourd sur ses épaules et reprit son frère dans les bras après l’avoir entouré d’une couverture. Il ouvrit la porte. Le couloir était vide.
            Il s’enfuit en courant.


            La pluie avait quelque peu cessé. Assis sur le banc, ruisselant sur le sol, Ikki s’en moquait. Il essayait de retrouver son souffle, serrant Shun contre lui. Tout s’était passé si vite… Il avait couru dans l’hôpital, se cachant parmi les patients. Ils étaient nombreux, quasiment personne ne l’avait remarqué, et pour les rares qui lui avaient parlé, Ikki avait désigné une dame au loin comme étant leur mère. L’attention de l’interlocuteur cessait immédiatement. Cela avait été si facile, Ikki avait constaté amèrement. Personne ne se soucie vraiment de deux enfants…
            Puis ils s’étaient retrouvés sous l’orage. Shun avait pleuré de protestation tandis qu’Ikki essayait de le protéger de sa veste. Elle avait commencé à les suivre à ce moment là. Il ne la voyait pas, mais il sentait… Danger sombre, brume de l’oubli. Quand elle s’était enfin montrée, il s’était mis à trembler. Poupée de porcelaine, aux cheveux tissés de nuit, robe d’araignée en velours. Il ne se souvenait plus d’à quand elle était partie. Elle lui avait dit vouloir Shun. Il avait refusé. Elle avait insisté. Et puis… Plus rien. Juste lui et son frère sous une pluie douce. Ikki s’était remis à courir, cherchant un abri. Il était tombé sur une église. Il n’y connaissait rien en religion, encore moins une étrangère, mais il avait la vague notion que personne ne pouvait venir vous y déranger. Il était rentré dans le bâtiment gris.

            Une main miniature tira sur son T-shirt. Shun s’était mis à téter son pouce et cherchait le sommeil. Ikki chantonna une berceuse.
  « Quel spectacle attendrissant », déclara une voix sur le côté.
            Ikki tourna la tête. Il y avait là un homme vêtu de noir, plutôt âgé.
  « Je suis le prêtre de cette église, se présenta ce dernier. Je suppose que c’est ton petit frère ? »
            Ikki opina de la tête.
  « Où sont vos parents ? »
            Les yeux d’Ikki restèrent dans le vague.
  « Où est ta maman ? Ton papa ?, insista le prêtre.
  – Je n’ai pas de papa, finit par répondre Ikki.
  – Et ta maman alors ?
  – Maman… Maman est… Maman ne peut plus nous aider », bredouilla-t-il.
            Le prêtre s’assit sur le banc à côté du garçon.
  « Que comptes-tu faire ?, demanda-t-il
  – M’occuper de mon frère bien sûr.
  – Et comment ?
  – Je… J’ai pris de quoi le nourrir et le changer !, s’exclama Ikki.
  – Je n’en doute pas… Mais toi, qui va te nourrir ? Où allez-vous dormir ? »
            Ikki se mordit la lèvre pour ne pas pleurer.
  « Mon enfant, je connais un orphelinat où tu serais bien mieux qu’ici, dit le prêtre d’une voix douce.
  – Non… On va me séparer de mon frère, je ne veux pas !
  – Je te promets que non. »
            Ikki regarda le prêtre. Il n’était pas sûr d’avoir confiance. Mais quel autre choix avait-il ? Le prêtre avait raison. Il ne survivrait pas longtemps sans aide. D’un œil soupçonneux, il accepta la main tendue du prêtre.


Suite -> Chapitre 1

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